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jeudi 7 octobre 2010

Ces punaises qui sèment la panique à New York

La punaise de lit terrorise New York et envahit toute la ville © DR


Petite devinette : quel est l'ennemi quasi invisible qui terrorise New York et envahit subrepticement toute la ville, des bancs du métro, aux hôtels cinq-étoiles en passant par les duplex de Park Avenue, et jusqu'à votre pantalon ? La punaise de lit !

On croyait la méchante bestiole réservée aux galetas de Dickens et Zola, mais, depuis quelques années, elle revient en force et menace les grandes villes américaines. Elle touche tout le monde, pauvres et riches, particuliers et entreprises, établissements publics... Ces derniers mois, l'invasion est particulièrement importante à New York, où le nombre de plaintes a augmenté de 67 % en deux ans. En 2009, une enquête montrait qu'un New-Yorkais sur quinze avait des punaises chez lui, un chiffre probablement bien plus élevé maintenant. Sorties des appartements privés, on ne compte plus les victimes. Un théâtre de Broadway, des dizaines d'hôtels et d'écoles, le siège du magazine Elle, celui de grandes banques, le tribunal de Brooklyn où les avocats ne veulent plus mettre les pieds... Côté boutiques, la chaîne d'habillement sport chic Abercrombie & Fitch a dû fermer deux magasins, idem pour Nike sur la 57e rue et pour la boutique de lingerie Victoria Secret.

"C'est comme si vous aviez la lèpre" (une "victime")

Insidieux, le petit insecte rouge brun ne vole pas, mais se déplace très vite et se transporte sur les vêtements, dans les valises, les sacs à main et même sur les lacets. Il est de plus très résistant et se reproduit à toute vitesse. La femelle pond 500 oeufs et peut survivre pendant plus d'un an sans se nourrir. Il sort la nuit et vient se gorger du sang de ses victimes, chez qui sa piqûre provoque de très désagréables démangeaisons. Seule consolation, il ne transmet pas de maladies comme le moustique ou la puce. Mais il a déclenché une véritable panique. "L'invasion des suceurs de sang", titrent ainsi les tabloïds qui se repaissent d'histoires horrifiques.

Et, effectivement, la population panique. Surtout, ne dites à personne que vous avez des punaises. Sinon, fini les copains, le petit ami, les invitations à dîner, les goûters d'anniversaire... "Les gens ne veulent plus vous embrasser, ils ne veulent plus que vous veniez chez eux, c'est comme si vous aviez la lèpre", confie Jeremy Sparig, une victime, dans le New York Times. Du coup, certains New-Yorkais, comme les profs de piano qui passent d'un client à l'autre, craignent de perdre leur boulot ; d'autres arborent des manches longues pour cacher leurs piqûres et, de plus en plus, évitent les cinémas. Un site a même créé un groupe de soutien aux victimes de punaises qui ont bien besoin de s'épancher entre deux démangeaisons. Sur bedbugger.com, on vous montre des gros plans appétissants de la petite bête et de ses morsures. Un autre site liste les endroits où leur présence a été signalée. On apprend ainsi que le locataire de 7425 Arlington Boulevard, à Falls Church, a dû quitter son appartement.

Chiens renifleurs et chasseurs de punaises

Et pendant ce temps-là, que fait le gouvernement ? Ben, il se gratte aussi ! Le département de la Santé à New York est infecté, tout comme d'ailleurs certains bâtiments de Washington. La population l'accuse de n'avoir pas réagi assez vite, de s'être concentré exclusivement sur l'éradication des animaux qui transmettent des maladies. À sa décharge, il faut dire que la punaise avait quasiment disparu des États-Unis depuis 40 ans. Pourquoi réapparaît-elle maintenant, et beaucoup plus résistante que les espèces connues ? Mystère, il y a très peu d'études sur la bestiole. L'augmentation des voyages, des pesticides moins toxiques et l'interdiction du DDT ont sans aucun doute contribué à leur résurgence.

Reste que c'est une aubaine pour les sociétés d'extermination, qui prolifèrent. Le plus efficace pour détecter ces insectes, c'est le chien renifleur, qui coûte très cher. L'hôtel Chancellor, à New York, a embauché un chasseur de punaises à temps plein qui va de chambre en chambre, et les employés touchent une prime de 10 dollars s'ils détectent une petite bête ! Mais s'agissant de l'étape "extermination", il y a peu d'insecticides qui fonctionnent, et certains sont interdits. On vous conseille donc de jeter le matelas et toute la literie, de démonter le lit et d'être vigilants à l'arrière des tableaux, en haut des portes... ou de traiter l'appartement à la très haute chaleur, ce qui semble le plus efficace, mais, là encore, le plus cher. Récemment, à une conférence sur les punaises à Chicago où l'on trouvait toute sorte de produits, on s'échangeait des tuyaux. Lorsque vous arrivez dans une chambre d'hôtel, posez votre valise sur le sol de la salle de bain pour voir si elles arrivent ; évitez de mettre des vêtements sur des chaises en tissu...

Peur sur les cultures

Et il y a urgence à trouver des solutions. Car, au-delà de New York et de la punaise de lit, urbaine, une autre espèce menace les États-Unis : la punaise des bois marron, qui s'est abattue sur le Midwest. Son mets de prédilection n'est pas le mollet humain, mais les champs de soja, de tomates et les vergers. Des essaims de ces insectes ravagent les cultures et s'infiltrent dans les maisons ou les parcs. La punaise des bois, au moins, ne pique pas, mais ne vous avisez pas de les écraser : ça pue. Cet insecte d'origine asiatique est assez récent aux États-Unis et n'a pas de prédateurs, contrairement à la punaise verte. Faute de recherches, on ne sait pas comment l'éradiquer.

En 1777, une brochure intitulée Tueur complet de vermine donnait des solutions. "Faites bouillir de l'absinthe et de l'hellébore blanc dans une bonne quantité d'urine jusqu'à ce que la moitié soit évaporée et badigeonnez le reste sur les montants du lit." Pouah, on préfère encore la punaise vampire !

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