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samedi 18 septembre 2010

Treize pays asiatiques préparent un programme pour sauver les dernières populations de tigres sauvages

Ils ne sont plus que treize. Treize pays du continent asiatique, désormais les seuls au monde à héberger encore quelques populations de tigres. Selon une étude publiée, le 14 septembre, par la revue en ligne PLoS Biology, il reste moins de 3 500 animaux à l'état sauvage, pour la plupart regroupés dans des biotopes fragmentés représentant moins de 7 % de leur ancienne aire de répartition. En pleine année du Tigre, le plus grand félin du monde est en train de disparaître de la planète.

Principal auteur de ces travaux à la Wildlife Conservation Society de New York, Joe Walston et ses collègues ont identifié 42 "sites-ressources" dans lesquels les tigres peuvent encore continuer de se reproduire. Dix-huit de ces sites se trouvent en Inde, huit sur l'île indonésienne de Sumatra, six en Extrême-Orient russe, les autres se répartissant entre la Malaisie, la Thaïlande, le Laos et le Bangladesh.

OS ET MOUSTACHES TRÈS PRISÉS

"D'après les données disponibles, aucun site-ressource n'a été identifié au Cambodge, en Chine, en Corée du Nord ou au Vietnam", précisent les chercheurs. Dans ces pays, les populations de tigres sont déjà si faibles que leur perpétuation en milieu naturel n'est plus envisageable.

Dans les autres, il faut de toute urgence préserver leur habitat des braconniers, du trafic du bois et du commerce illégal. Le tigre étant inscrit à l'annexe I de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (Cites), ses produits dérivés ne peuvent être utilisés à des fins commerciales. Mais ses os et ses moustaches restent très prisés de la médecine traditionnelle asiatique, et les autorités ferment souvent les yeux sur sa chasse.

"Ces chiffres confirment ce que nous avons nous-mêmes constaté", commente Edina Ifticene, chargée du programme Mékong au Fonds mondial pour la nature (WWF-France), qui estime à 3 200 individus les effectifs actuels du grand prédateur. "Il y a douze ans, ils étaient environ 6 000", précise-t-elle.

Publiés début 2010 par le WWF, les résultats d'un suivi mené pendant vingt ans dans la région du Grand Mékong - un territoire à peu près grand comme la France, où se trouve la plus grande zone d'habitat du tigre sauvage - montrent que le nombre de tigres, de 1 200 en 1998, y est tombé à 350.

La situation est si grave qu'une réunion des ministres des treize pays concernés (Bangladesh, Bhoutan, Birmanie, Cambodge, Chine, Inde, Indonésie, Laos, Malaisie, Népal, Russie, Thaïlande et Vietnam) s'est tenue en janvier en Thaïlande, afin de définir un programme de sauvegarde. L'objectif : doubler la population de l'espèce d'ici à 2022, prochaine année du Tigre. Ses grandes lignes seront présentées au Sommet international du tigre, prévu en novembre à Saint-Pétersbourg (Russie).

Situation grave, "mais pas désespérée", affirme Edina Ifticene. Car le tigre n'est pas comme l'éléphant ou le panda : une fois son habitat préservé, il se reproduit très bien. Et certains signes encourageants sont apparus. Début septembre, la Chine et la Russie ont ainsi annoncé la mise en place d'une zone transfrontalière de protection des tigres de Sibérie : "Un grand pas vers une future collaboration entre Etats", estime la responsable du WWF.

Catherine Vincent

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